Le cahier du Pavé sur le Projet - ressource 1

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Fichiers et médias
Date de création
Aug 9, 2023 10:16 AM
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Cet article est le 1er d’une série s’intéressant à l’éducation populaire et à l’animation / la facilitation. Il se veut une porte d’entrée, une parmi tant d’autres! Cet article retrace en quelques lignes le contenu d’un cahier portant sur le thème du PROJET, publié par l’ancienne SCOP le Pavé. Vous pouvez retrouver ci-dessous un lien vous permettant d’accéder à ce cahier : http://lengrenage.blogspot.com/p/la-grenaille.html https://collectif-lavolte.org/references-theoriques-et-bibliographiques/

En tuant le désir, le projet tue le politique.

Qu’est-ce que recouvre la notion de projet? De quoi parle-t-on, quand on parle de projet?

Késako? Au début du XXe siècle, le développement de l'industrialisation a nécessité une meilleure organisation des activités pour atteindre des objectifs spécifiques : c’est l’époque où ont fleuri les méthodes de gestion et de planification de projets, et notamment celle d’un scientifique américain Henry Gantt, qui a développé un outil de planification graphique appelé le diagramme de Gantt.
—> la notion de projet est issue de l’idéologie libérale. Celle de méthodologie de projets est proche du taylorisme, elle vise un résultat - une gestion axée sur des résultats - et consiste à l’époque en une technique de contrôle et d’évaluation, dans une logique de réduction des coûts.
Derrière la notion de projet, il y a
une politique de suppression de tout service public par privatisation et transfert aux possédants.
C’est le marché!
La méthodologie de projets se met en œuvre par des logiques de marchandisation et une rationalisation des choix budgétaires.
 

L’exemple de l’ONU, 2001, quand une méthodologie sort de son champ de naissance, celui de la production industrielle

En 2001, sur pression des américains, l’ONU modifie l’article 1 de sa charte en changeant l’objectif de l’ONU de réduire les inégalités en la nouvelle formule réduire la pauvreté.
—> D’un objet politique, l’objectif de l’ONU devient technique. Il est désormais chiffrable et déconnecté des enjeux.
 

L’exemple de la FFMJC, au milieu des années 1980

La FFMJC - Fédération Française des Maisons de la Jeunesse et de la Culture - a vu ses subventions être modifiées. Jusqu’alors, elle fonctionnait grâce à des subventions de fonctionnement, qui constituaient une forme de délégation de service public sous contrôle de l’État : désormais, elle fonctionnera grâce à des subventions par projets, permettant un contrôle a priori et en établissant une grille d’évaluation de méthodologie de projet.
—> désormais, c’est à l’association de se payer sur ses activités, en devant les rentabiliser de manière marchande.
—> l’argent public servira à financer des actions de jeunes et non plus un fonctionnement associatif.
Ce changement s’inscrit dans une logique de rentabilité de l’action publique, où tout doit s’autofinancer, tout est marchandise. Il y a désormais un impératif de résultat qui s’impose : un résultat mesurable, chiffrable, évaluable.
—> cela contribue à précariser le secteur associatif, en privant les associations d’une capacité à penser sur le long terme. Elles deviennent dépendantes d’actions court-terme et de subventions par actions.
La méthodologie de projet a donc consisté à importer dans la société le fonctionnement de l’entreprise. C’est-à-dire à orienter toute activité humaine vers la production d’un résultat quantifiable.
 

Renverser la logique de projet

Une des manières de faire serait de NOMMER UN ENNEMI :
même si c’est de manière provisoire, nommer un ennemi mais un ennemi à notre portée - il est plus facile de refuser une évaluation que de renverser le capitalisme
L’enjeu est alors d’obtenir des victoires. Des victoires, qui donnent de la force!
Derrière la logique de projet, il aurait une triple injonction : celle de POSITIVER, une injonction à la RÉUSSITE, enfin une injonction à la COHÉRENCE.
 

Les fins de l’éducation populaire

🚀
Renverser la vapeur Considérer la jouissance gratuite et le repos Reconnaître une sexualité aux enfants Reconnaître le besoin et le désir d’être seul Permettre la possibilité de s’opposer à l’autorité Revendiquer la mise en lumière des contradictions plutôt que le consensus mou
—> il n’est plus question de mettre en place une activité avec un dessein précis, mais de mettre en place un dispositif spatial permettant aux personnes / aux enfants de répondre à leurs besoins / à leurs désirs.
—> et d’ENRICHIR LE MILIEU, d’aménager l’espace afin de favoriser l’horizontalité.
ce qui compte n’est pas la consommation d’un milieu riche posé là, telle une manne gratuite, mais bien l’interaction entre le milieu et les personnes dans un aller-retour de confrontation / de construction qui permet l’émergence d’une pensée complexe, contradictoire… rugueuse?
 
 
🛠
Et qu’en pense le chat GPT? C’est le moment de lui demander 😁
Dans notre société française, la notion de projet peut effectivement être perçue comme étant au service d'une société de contrôle et d'évaluation. En effet, de nombreuses organisations publiques et privées ont adopté une approche axée sur les projets, ce qui les oblige à définir des objectifs précis, à planifier et à évaluer régulièrement leurs actions.
Cette évolution peut être considérée comme une rupture avec la logique de subvention de fonctionnement, où les financements étaient alloués de manière plus stable et pérenne, sans nécessairement exiger de résultats concrets. En favorisant une logique de subvention par projets, les organismes financeurs cherchent à mieux contrôler et évaluer l'utilisation des ressources allouées, en exigeant des résultats tangibles et mesurables.
Cette transition vers une logique de subvention par projets peut avoir des effets positifs, tels que l'optimisation des ressources, la responsabilisation des acteurs et la recherche de l'efficacité. Cependant, elle peut aussi comporter des risques, notamment celui de privilégier des projets dont la faisabilité et les résultats sont plus facilement démontrables, au détriment d'autres actions moins visibles mais tout aussi importantes pour le bien-être collectif.
Il est donc important de veiller à ce que la notion de projet ne devienne pas un outil de contrôle excessif, limitant la créativité et la liberté d'action des acteurs sociaux. Il convient également de garantir une certaine diversité dans les modes de financement, en maintenant une part de subventions de fonctionnement pour soutenir des structures et des activités essentielles à la vie sociale et culturelle de notre société.
 
Et le Pavé, alors, qu’est-ce que c’est?!
 
C’était une coopérative bretonne qui fonctionnait de manière horizontale, ça peut s’appeler de l’autogestion. Le Pavé visait à réintroduire du politique dans le débat public. Le collectif s’est auto-dissous en 2014.
 
Nous œuvrons dans le champ de l’éducation populaire, et sommes constitués en réseau avec trois autres coopératives d’éducation populaire et les gesticulants volontaires. Ce réseau se nomme La Grenaille.
Nos interventions ont l’ambition de libérer l’imaginaire politique et de redonner de l’espoir pour construire ensemble des alternatives.
Le socialisme du XXIe siècle est à inventer.
À nous de jouer, et on vous compte dedans.